La charte de Grenoble
Ou l'histoire du régime étudiant... avant la création de la LMDE :
Rédigée en 1946, la charte de Grenoble est le fruit d'une réflexion sur le statut de l'étudiant et a permis de faire éclore de nombreux acquis sociaux.
Contexte historique:
Après la première guerre, les étudiants (notamment les anciens résistants) veulent faire de la fac un lieu d'échange et de débats, et rompre avec l'apolitisme ambiant... Jusqu'alors assimilés au milieu bourgeois, ils veulent exister en tant que groupe homogène aux besoins et attentes spécifiques.
"Il fallait trouver les mots et accomplir les gestes qui donnent son identité à une collectivité", déclarait Charles Lebert, vice-président de l'UNEF en 1988. C'est ce qu'on appellera ensuite "la grande UNEF". Unique association étudiante, qui fêtera ses 100 ans en 2007, elle fédère alors les corpos et associations locales d'étudiants sans avoir de visée syndicale.
Le congrès de Grenoble en 1946 changera la donne : "nous ne voulions plus de corporatisme étudiant. Nous donnions comme but à l'UNEF de jouer le rôle d'avant-garde de la jeunesse d'un point de vue social", raconte Paul Bouchet, président de l'Assemblée Générale des Etudiants de Lyon en 1946.
La charte de Grenoble va s'imposer dans l'élan donné par la Libération et la création de la Sécurité Sociale étudiante. Elle se développe sur la base de thématiques évoquées depuis les années 1920 par l'UNEF dans le domaine sanitaire et social, comme la fondation du Sanatorium des étudiants de France, en 1923. Le sanatorium ouvrira ses portes en 1933 et peu à peu il permettra aux étudiants tuberculeux d'étudier malgré les contraintes de la cure.
Avec ce contexte historique, le statut de l'étudiant est modifié : les étudiants deviennent des jeunes adultes responsables, et non plus des enfants dépendants de leurs parents. La charte de Grenoble invite à les définir comme des "jeunes travailleurs intellectuels" - qui sont aujourd'hui plus de 2 millions - ayant des devoirs et des droits : protection sociale, liberté d'opinion et indépendance matérielle.
C'est dans cet esprit que le régime étudiant de Sécurité Sociale, établit par la loi du 23 septembre 1948, va se mettre en place, ainsi que la gestion mutualiste, dévolue au départ uniquement à la MNEF. Mutuelle Nationale des Etudiants de France, elle est créée le 17 septembre 1948 et cesse ses activités en 2000.
La LMDE, La Mutuelle Des Etudiants, prendra ensuite la succession de la gestion du régime en sécurité sociale étudiante par délégation de service publique à l'échelon national. Aujourd'hui, elle continue de défendre les valeurs d'autonomie, de responsabilité, de solidarité pour tous les étudiants.
Avant 1948, les étudiants étaient dépendants de leurs parents pour la gestion de leur santé. Passé cette date, ils deviennent autonomes : c'est par exemple permettre à l'étudiante de prendre la pillule sans qu'elle soit obligée de le dire à sa mère... Et lors des inscriptions universitaires, l'affiliation au régime étudiant devient systématique.
Consacré à l'étudiant et géré par lui, le régime étudiant de sécurité sociale et mutualiste offre la liberté de mettre en oeuvre des actions de pédagogie et de sensibilisation sur des sujets qui le concernent : contraception, addictions, informations sur le système de soins ou sur la réforme de l'Assurance Maladie...